Les politistes anonymes
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 Sciences sociales, sorbonne et inepties.

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MessageSujet: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeSam 22 Nov - 22:30

Chers amis du forum,

On l'a vu dans le précédent sujet sur "Christian S...etc", le politiste aime se plaindre, le politiste aime attaquer les autres politistes, et le politiste aime par dessus tout glisser des références à ses cours, pour s'en plaindre ou pour s'en servir dans un débat d'idée (au prix d'être ridicule parfois).
Qu'est ce que cela nous apprend, mis à part que la répétition de "le politiste aime" trois fois dans une phrase est une lourdeur de style ?

En vrac, j'aimerai beaucoup parler du lien entre sociologie et philosophie (j'ai toujours l'impression d'une philosophie sous-jacente à certains auteurs), des inepties absolues que peuvent parfois sortir nos professeurs, ou pire les élèves, mais pour commencer avec vigueur et agressivité je lance le débat de l'écriture incroyable de nos chers auteurs.

"j'allais m'attaquer à quelque chose qui faisait pour moi problème, la qualité lamentable de l'écriture en sociologie".

Becker, Howard S. Ecrire les sciences sociales, Economica, Paris, 2001.
p102.

Bien sur, on peut dire qu'une pensée complexe nécessite un effort du lecteur, mais je cite Becker, croire que la facilité est une honte, croire que le travail ou la lecture est forcement une souffrance est vraiment idiot (et pour faire plus crédible, Becker dit que c'est un héritage judéo-chrétien évident). Ca se comprend quand on sait qu'un auteur doit parfois écrire de cette manière technique et froide pour être publié et accepté par ses pairs.
Admirez toutefois cette phrase de Pierre Bourdieu, extraite de "le sens Pratique".

« Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement « réglées » et « régulières » sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre ».

Chiant ou génial ? Un peu des deux. Ces 10 lignes ne sont qu'une seule et même phrase, c'est déjà hallucinant en soi...Pensée magnifique, style abominable, bilan mitigé, nos professeurs nous poussent à l'indulgence et nous ramènent à notre betise crasse au nom de pensées grandioses, mais séparer à ce point la forme et le fond me semble un peu aberrant.

Plus proche de nous, citons ce sujet d'examen de Septembre 2008, par un certain Jean Louis B., professeur de notre UFR dont je tiens évidemment (neutralité oblige) à taire l'identité :

"Quels sont selon vous les effets des exigences de démocratie participative sur les formes et sur les forces traditionnelles et nouvelles de la vie politique ?"

Relisez là. C'est une question piégée, à tiroirs...

Envie de crier au scandale de la sociologie, à la primauté de la philosophie, à notre enseignement qui relève du factuel/catalogue d'auteurs plus que de la réflexion, ou même de parler tranquillement et avec humour de nos cours, ce post est pour vous.

Note : Si vous voulez continuer le jeu de massacre, lisez donc "le betisier des philosophes" de Barrère et Roche.
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Pomme d'Adam Smith

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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeDim 23 Nov - 1:46

Euh,

Déjà pour le fond et la forme, personnellement j'ai toujours eu du mal à tenir pour pertinente leur séparation. Je pense qu'une forme recherchée n'est pas simplement agréable, elle rend le propos plus précis, voire plus claire ou plus intuitif. A l'inverse, parfois s'abriter derrière un vocabulaire ésotérique et jargonnant au possible est surtout un moyen de cacher un propos qui en fait, pour le coup, ne dit pas grand chose.

Par contre s'appliquer à la forme ne doit pas vouloir dire « faire compliquer ». On a tous eu des ATER/Maitres de Conf'/Professeurs/Mandarins s'exprimant avec une emphase pesante et des circonvolutions à faire tourner de l'œil pour au final avoir un propos trivial, limite banal. A l'inverse certains des cours les plus intéressants paraissaient formellement très simples. Travailler la forme c'est parfois en fait la simplifier.

Et à mon sens, simplifier l'écrit, c'est éclaircir le propos, et peut être aussi la pensée. Mais là, on a la philosophie sous nos pieds, puisqu'en dessous de ce type de débat, il y a la question de savoir si le langage n'est qu'un outil de ma pensée ou si c'est par lui que je pense. Si on tient le dernier cas pour acquis, alors comme je l'ai dit, forme et fond sont indissociables. Proust ne ferait pas ainsi que « mieux dire », il penserait également avec plus de justesse.

Après, il faut voir que la philosophie c'est chouette, mais ça remplit pas un frigo : le plus souvent en fait, le jargon n'est pas le masque d'un propos pauvre, mais bien un passe droit pour publier dans telle ou telle revue, ou être accepté parmi les siens, en tant que spécialiste (ça c'était dans le cours de B. François il y a 10 jours j'crois). Il faut voir une discussion entre prétendants à l'agrégation (c'est à dire quand tout est encore à prouver) pour voir ce dont je parle.

Problème : au fur et à mesure que je me spécialise, et que je spécialise mon discours, je prends le risque de n'être audible que de quelques-uns (et même parfois d'aucun d'entre eux, il y a un canular célèbre -dont je ne retrouve plus le nom- à ce sujet). Il y aurait évidemment matière à polémiquer là, puisque cela reviens à dire que les jurys de thèse ou les comités de rédaction, se satisfont d'un jargon pour valider un article, s'épargnant ainsi l'effort d'une lecture minutieuse pour jauger de la qualité d'un travail.

Sous cet aspect oui, Becker n'a pas tord, mais il peut se permettre ce genre de chose parce qu'il est Becker, et que donc son autorité parmi les spécialistes (ici les sociologues) n'est plus à faire. En ce sens c'est peut-être même le comble de la condescendance, ce qu'il entreprends là (je taquine).

Enfin peut-être plus largement ce problème c'est le problème des sciences sociales dans leur ensemble, issu d'un complexe vs-à-vis des sciences dures, du à la relative solidité de leurs concepts et autres constructions d'objets face à ces dernières. Le langage très spécialisé se faisant alors l'avocat de la solidité du concept, du sérieux de l'article, et par extension de la rigueur de la discipline en question.

Vala.
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bertrand




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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeDim 23 Nov - 13:21

hey,

trèèèès intéressant, cependant, je ne vois pas quel serait ce complexe des sciences sociales vis-à-vis des sciences dures. Les sciences dures sont biens les premières à jargonner à outrance. Lorsqu'il m'arrive d'aborder un article de physique ou de biologie, je n'y comprend absolument rien...

Plus sérieusement, ce langage spécialisé propre à chaque discipline me semble avoir pour fonction de marquer une séparation entre le sacré et le profane. Les politistes, politologues, sociologues, qui cherchent à vulgariser leur disciplines ne sont-ils pas vilipendés par leur pairs? On ne reproche pas seulement de simplifier leur propos, mais surtout de permettre à des profanes d'accéder à un savoir "sacré".

A voir : l'excellent documentaire de Raymond Depardon, "10e chambre, instant d'audience". Depardon a filmé les audiences d'une cour correctionnelle. A une audience, on reproche à un sociologue de s'être fait arrêter avec un opinel dans le métro, donc avec une arme. Très sûr de lui, le sociologue, préfère se défendre seul. Code pénal en main, il tente d'expliquer à la juge la différence entre une arme, et une arme par destination. La juge agacée : "mais vous n'aller pas m'apprendre le code pénal quand même !", "vous n'en savez pas encore assez mais c'est normal vous n'avez pas fait d'études de droit".

bref, voilà un profane qui tente de rentrer dans le champ du droit, et la juge ne manque pas de lui rappeler qu'il n'a rien à y faire, se met à jargonner au possible. Le procureur, pour éviter "une récidive de ce type de rébellion", envisage une peine de prison.

je trouve cela fabuleux. Donc M. Admin, il ne me semble pas que nos cours ne relève que du factuel/catalogue d'auteurs plus que de la réflexion, mais permettent "une plus grande intelligibilité du réel", comme le dirait tout bon dobriste. Very Happy
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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeDim 23 Nov - 15:17

Pomme d'Adam Smith a écrit:


Sous cet aspect oui, Becker n'a pas tord, mais il peut se permettre ce genre de chose parce qu'il est Becker, et que donc son autorité parmi les spécialistes (ici les sociologues) n'est plus à faire. En ce sens c'est peut-être même le comble de la condescendance, ce qu'il entreprends là (je taquine).

Enfin peut-être plus largement ce problème c'est le problème des sciences sociales dans leur ensemble, issu d'un complexe vs-à-vis des sciences dures, du à la relative solidité de leurs concepts et autres constructions d'objets face à ces dernières. Le langage très spécialisé se faisant alors l'avocat de la solidité du
concept, du sérieux de l'article, et par extension de la rigueur de la discipline en question.

1) Pour Becker, le cas est un peu particulier, c'est vrai, il est déjà installé. Mais son livre est une analyse beaucoup plus intéressante que la coupe "sacré/profane" ou "position basse/ élevée dans le champ de la sociologie".
En fait, ce qui est troublant, c'est qu'il parle de manière tellement triviale qu'on dirait un profane justement. Il a quasiment l'honnêté de dire qu'il ne lit pas ce qu'il trouve littérairement indigeste en sociologie. Et que pour cette raison les jeunes sociologues sont très peu lus.

Le contenu de son livre n'en fait pas un sociologue qui veut faire un livre de méthode pour laisser une trace indélébile, et casser au passage la prose de ses contemporains, ni une sociologie des sociologues. Et c'est ça qui lui donne son côté stimulant. Becker a toujours été clair et direct, même jeune, mais en plus il démystifie son "talent" à l'être. Si j'ai cité son livre, c'est que justement il dit travailler autant la forme que le fond, et explique comment : trivial, il réécrit, il coupe les phrases longues , évite les tournure passives, les lourdeurs de style. Il en donne un exemple, un work in progress, et c'est phénoménal quand on voit la différence.

Ce qui est encore plus intéressant, c'est que derrière tout ça, c'est une autre manière d'aborder le "comment fait-on une étude de sciences sociales", sans passer par l'épistémologie. A aucun moment je n'ai entendu un de nos professeurs nous parler d'"écriture", et je trouve ça dommage.

NB : je suis un peu beckeriste extrême en ce moment. Mais vraiment "écrire..." est une grande leçon sur la sociologie.

2) La différence avec les sciences dures, c'est que la sociologie n'a jamais eu un seul language codé comme les mathématiques ou la biologie. La sociologie n'a jamais eu un seul paradigme dominant, chacun veut imposer le sien, mais c'est une discipline sans maître.

En sociologie, on a la forme sur les bras, un poids ou une liberté, mais on ne peut pas s'en débarasser comme ça. Alors autant en parler...
Quand on jargonne en Biologie, c'est vraiment pour que les autres comprennent, on n'a pas à s'encombrer de la forme, on rentre dans une sous-discipline, et celle-ci est normée. Pour le coup la coupure nette sacré/profane donne un grand pouvoir aux scientifiques : c'est surement pour cette raison que les sciences sociales peuvent avoir un complexe, elles ont un pouvoir social ridicule face aux sciences dures. Les sciences dures elles expliquent, mais elles sont utilisées en permanence, à tous les niveaux, alors que la socio...

Cette question du jargon, ça pose aussi la question de l'utilisation de la sociologie, à qui sert cette discipline, à quoi sert-elle ? En fonction du but qu'on se fixe, est ce qu'on a besoin du jargon ? Dès qu'ils vieillissent les grands sociologues font toujours des bouquins plus faciles d'accès, des conférences où le language parlé assure une certaine clarté...
On a finalement assez peu vu le rôle que les sociologues voyaient comme rôle politique pour leur discipline, Bourdieu mis à part, et l'utilisation qui en était fait concrètement au delà du cercle des sociologues.
Les sociologues aspirent à être lus, et surtout entendus ; les préconisations discrètes (parfois nettes) de leurs travaux, ils aimeraient les voir appliquées. En l'occurence je n'ai pas l'impression que ce soit le cas.
Ce serait intéressant de voir à quel point l'étiquette "gauchiste" de la socio lui a interdit l'accès (J'en fais l'hypothèse, mais à plusieurs reprises je l'ai quand même constaté) au poste de conseiller du prince au même titre que l'économie.
J'ai plus l'impression que la socio se rapproche de la philo (même s'il y aurait 10000 différences à trouver) : même si elle prétend plus partir du réel que cette dernière, elle n'a pas de prise sur le réel ensuite...
Je ne sais pas quelles sont les responsabilités respectives du jargon ou du contenu des travaux, mais à force cette "plus grand intelligibilité du réel" en reste au stade de petite satisfaction personnelle, et c'est surement frustrant à force pour les sociologues.

Enfin bref, je dérive un peu là...
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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeDim 23 Nov - 19:22

Admin a écrit:
« Les conditionnements associés à une classe particulière de conditions d'existence produisent des habitus, systèmes de dispositions durables et transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les atteindre, objectivement « réglées » et « régulières » sans être en rien le produit de l'obéissance à des règles, et, étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre »

P. Bourdieu, Notes personnelles à jargonner avant publication.

"Septembre 1950.
Premiers jours rue d'Ulm. Félix et Jacques se sont encore foutus de mon accent du Sud Ouest. Paraitrait qu'en plus j'ai des manières un peu rustres. Je veux bien, mais c'est pas facile à perdre. Couillons de parigos.
nb : penser à écrire un truc là dessus à l'occas'.
"
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bertrand




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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeMar 25 Nov - 12:43

@admin : la sociologie est vraiment utilisée à tous les niveaux. que tu fasse des études commerciale, d'infirmerie, science de l'éducation, STAPS, science politique, musicologie, urbanisme ou que sais-je encore, tu auras des cours de socio. Non, la sociologie a vraiment une force et tu peux mal t'en passer aujourd'hui, sans dire que cela fera de toi un sociologue.

Le problème de la sociologie c'est qu'elle est subversive, elle va à l'encontre du sens commun. Du coup elle rencontre des résistances. Va expliquer à quelqu'un qu'en France, l'appartenance à la confession catholique favorise le vote conservateur. tu pourras toujours trouver des exemples qui montrent le contraire.
ou la nation, explique à un nationaliste convaincu que la nation est une pure invention. Tu détruit complètement son système de représentation. Comment va-t-il réagir? sûrement en pensant que t'es qu'un empêcheur de tourner en rond.

salut
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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeMer 26 Nov - 3:25

bertrand a écrit:
@admin : la sociologie est vraiment utilisée à tous les niveaux. que tu fasse des études commerciale, d'infirmerie, science de l'éducation, STAPS, science politique, musicologie, urbanisme ou que sais-je encore, tu auras des cours de socio. Non, la sociologie a vraiment une force et tu peux mal t'en passer aujourd'hui, sans dire que cela fera de toi un sociologue.

Le problème de la sociologie c'est qu'elle est subversive, elle va à l'encontre du sens commun. Du coup elle rencontre des résistances. Va expliquer à quelqu'un qu'en France, l'appartenance à la confession catholique favorise le vote conservateur. tu pourras toujours trouver des exemples qui montrent le contraire.
ou la nation, explique à un nationaliste convaincu que la nation est une pure invention. Tu détruit complètement son système de représentation. Comment va-t-il réagir? sûrement en pensant que t'es qu'un empêcheur de tourner en rond.

salut

Non la question que je posais n'était pas celle là, je sais bien que la sociologie a une force, et qu'elle est largement enseignée : j'aimerai savoir si la sociologie arrive certaines fois sur le bureau des hommes politiques (et dans ce que là, par qui, quels auteurs, à quelles occasions, et sous quelles formes), ou si justement sa réputation sulfureuse l'empêche de sortir de l'université.

Ce serait trop facile de dire que la sociologie est subversive ou de gauche, les sociologues le sont majoritairement, c'est historique, mais fondamentalement je ne crois pas. Ca ne me viendrait pas à l'idée de faire de la sociologie qui ne serait pas de gauche, mais pourquoi pas ?

Je veux dire : Bourdieu peut très bien se lire de manière cynique, après tout l'individu n'y parait pas très puissant, alors pourquoi pas se résigner plutôt que se révolter ? Pourquoi ne pas s'intéresser aux mécanismes de domination pour s'en servir ? etc etc...
C'est subversif seulement parce qu'on l'a lu comme ça et que les auteurs voulaient être lus comme ça, mais le dévoilement peut être à double tranchant.

Au passage, je ne crois pas que les nationalistes soient assez bêtes pour croire que la nation est une création divine, sans histoire et parfaite. Au contraire, ce serait peut-être intéressant de voir que les nationalistes ne sont pas des aveugles bornés, et sont même parfois des diplômés. La nation est une invention humaine, mais enfin elle existe en attendant, et ça tu ne peux pas l'enlever.
La socio là dedans, elle n'a aucun écho dans la conscience du type, elle n'est subversive que pour le mec qui dans son bureau écrit, découvre des vérités sociologiques, et aimerait qu'elles servent.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas de subversion de temps en temps, mais là tu sur-estimes le truc, ça n'est pas inscrit dans les gènes de la sociologie de buter contre le sens commun, ou plutôt si, mais au même titre que toutes les sciences.
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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeMer 26 Nov - 21:54

bah à partir du moment où elle est enseignée, peu à peu elle sort de l'université, à moins que les étudiants oublient tout ce qu'ils ont appris une fois qu'ils ont fini leurs études. Et tu ne me fera pas croire que les hommes politiques ne font pas d'études...

Anecdote : je suis allé chez un pote dont le père est directeurs des inspecteurs d'académie. haut fonctionnaire donc, en étroite collaboration avec le ministre de l'éducation. Entre 2 bières j'ai tenté d'observer avec plus ou moins de succès l'immense bibliothèque de ce monsieur. Il y avait une formidable collection de sociologie de l'éducation : Bourdieu, Dubet...

En tout cas c'est clair, je ne pense pas que les politiques prennent le temps de lire toute la littérature sociologique. Mais à partir du moment où tu es "expert" dans un domaine, tu dois forcément te tenir au courant.

Si tu passe le concours pour être diplomate, t'as plutôt intérêt de lire de la littérature sérieuse à propos des relations internationales. Si t'en reste au paradigme réaliste, t'as peu de chances de le décrocher, ton concours... Il manquerait plus que l'on fasse des études qui ne servent à rien...

A mon sens, il est sûr que la socio pénètre les représentations, mais à un rythme beaucoup plus lent qu'on le voudrait. Mais je te l'accorde, le nationalisme était un mauvais exemple.

Un dernier point : évidemment que toutes les sciences vont à l'encontre du sens commun, cependant la sociologie traite d'objets qui nous concernent directement. Et c'est bien là le problème. Ca ne me heurte pas du tout que l'on m'explique la structure cellulaire de l'oignon, même si je m'en tape. Mais lorsque l'on m'explique pourquoi et comment, pour aller vite, l'argent donne du talent, alors oui ça m'est plutôt désagréable, moi qui croyait tant au mérite républicain.
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MessageSujet: Re: Sciences sociales, sorbonne et inepties.   Sciences sociales, sorbonne et inepties. Icon_minitimeVen 28 Nov - 0:53

bertrand a écrit:

A mon sens, il est sûr que la socio pénètre les représentations, mais à un rythme beaucoup plus lent qu'on le voudrait.

Oui. Le truc que j'oubliais un peu ici, c'est que la sociologie est une matière jeune...Même si ça n'explique pas tout, c'est exiger trop en peu de temps.

Pour l'histoire du haut fonctionnaire, moi aussi j'en ai rencontré quelques uns, mais ils étaient plus portés sur le droit, la philosophie, et par dessus tout la littérature. Rien pour la socio. C'est peut-être différent aujourd'hui : j'ai une amie qui a des cours de philosophie en terminale où l'on utilise tantôt le corpus classique de philo, tantôt la socio.

Il y a quand même un truc qui me chiffonne : ton anecdote, c'est un haut fonctionnaire dans le domaine de l'éducation. Et justement, c'est LE domaine où la sociologie est un mastodonte, et je crois vraiment que c'est un cas particulier. Parce que dans les relations internationales, la sociologie tout le monde s'en tape (d'autant plus que je vois mal ce qu'on met derrière la "sociologie des relations internationales").

NB : Il y a au moins une certitude : Henri Guaino n'a pas lu de sociologie de l'Etat africain avant d'écrire le discours de Dakar.
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